MON DERNIER RECIT 3

Publié le par ANTONIO MANUEL

Tout est clair. Ma psychanalyste est parfaitement informée de ma façon d’appréhender la réalité de mon homosexualité, sa réalité familiale, sociale et de ma démarche pour pouvoir l’assumer la tête haute aux yeux du monde même s’il ne m’accorde pas plus d’intérêt qu’à la fourmi qu’on écrase du bout du pied ou qu’on torture, enfant, en toute ingénuité.

Ma sœur a éclaté en sanglots lorsque je lui ai fait part de la seule réponse que j’ai pu trouver à ce refus exprimé clairement par mes frères de participer à ma tentative de renaissance, d’effacement des paroles qui ont bercé mon enfance, émanant de mon père et de tous les membres masculins de ma famille. Réponse qu’elle juge mortifère et égoïste comme si j’avais le choix et que je les faisais souffrir, ma mère et elle, à dessein. J’ai eu simplement tort de vouloir justifier rationnellement mon anorexie plutôt que de garder la signification que je lui attribue bien à l’abri dans mon cerveau. Je passe désormais non plus seulement pour l’homosexuel névrosé de la famille, trop couvé par sa mère et sa sœur dont les frères sont jaloux, mais aussi pour le célibataire cruel et égoïste, incapable d’envisager le mal qu’il peut faire à ceux qui l’aiment en les informant de son autodestruction planifiée.

C’est promis je ne m’ouvrirai plus que par écrit ou dans le cabinet de ma psychanalyste de la seule stratégie de défense, qui me soit apparue appropriée, vis-à-vis de l’intolérance ou l’indifférence familiale, et de contestation contre cet état de fait qui me permet de mieux comprendre les insultes homophobes, dont j’ai été la cible, de la part de parfaits étrangers pour lesquels l’impact de tels propos à mon égard ne les concernait nullement ou pire qu’ils espéraient délétère, assez agressif et violent, en tous cas, pour me faire disparaître du forum public qu’ils se sont appropriés. Et cela malgré les nombreuses protestations des uns et des autres, victimes de leurs manigances destinées à vous interdire de vous exprimer sur ce forum comme bon vous semble et de les concurrencer ainsi sur cet espace du Web qu’ils utilisent comme une plateforme de promotion de leurs ouvrages, édités par leurs soins.

J’avais écrit de façon innocente mais finalement prophétique que je cesserais de m’alimenter afin de mourir en direct. Voilà ce qui est en train d’avoir lieu : ma mort très lente et, apparemment, inéluctable, en direct sur internet. Je me pose la question, qu’on utilise pour connaître ce qui constitue l’essentiel pour soi ou pour autrui, de savoir ce que je ferais si il ne me restait qu’un temps limité à vivre. Peut-être parce qu’il m’est impossible de penser ma propre mort, il me semble que je ne ferais strictement rien d’autre que cela : écrire ces mots là très précisément et continuer de lire ce qui me fait envie et non les romans imposés par mon travail ou la préparation du concours de l’agrégation. C’est pourquoi j’attends avec une grande impatience de recevoir les deux romans autobiographiques, commandés, de cet auteur d’origine marocaine, Abdellah Taïa, que j’ai découvert sur France Culture dans une émission intitulée « Travaux Publics » le 30 avril 2008, dont le sujet était « les libertés et minorités sexuelles au Maroc ».

Je lui aurais bien proposé moi à Jean Le brun, animateur de « Travaux Publics », une émission consacrée à l’écriture et à la liberté. Mais il faudrait en délimiter plus précisément le sujet. Pourquoi pas « Ecriture et Homosexualité » ou encore « Ecriture et Homophobie » ? Quoiqu’il en soit l’écriture délivre la colère qui est en moi et déleste mon cœur des rancunes et des regrets. De tous ces sentiments et ces mots ravalés parce que la société ou ma lâcheté m’y incitait. Ma couardise d’enfant bien éduqué. Je pense que si j’avais été un sale gosse, la délinquance m’aurait permis cette révolte sociale que l’écriture essaie d’exprimer en en dévoilant les causes et les conséquences inexorables. N’allons donc pas chercher au-delà de l’élevage des enfants la violence et la rébellion d’une fraction de la jeunesse actuelle. L’alcool et la drogue sont le droit chemin auquel conduit une éducation qui prive l’enfant de la liberté d’être tel qu’en lui-même il se sait. La culture est une échappatoire au néant d’une existence flouée. Mais la maladie finit par dénoncer le rapt d’une identité. Le corps maugréant d’abord contre ce à quoi l’esprit s’est vu contraint de fermer la porte : une vocation inassouvie à travers laquelle l’être aurait trouvé un épanouissement heureux, par exemple. Où le manque d’être aurait tâché d’atteindre sa plénitude. Mais grommeler, marmonner son mécontentement, le corps ne cessera de le faire qu’une fois la raison de sa grogne disparu. D’autres symptômes physiques prendront le relai pour signifier plus fortement le malaise de la conscience refoulant un tourment qu’elle ne saurait admettre. Comme un enseignant qui refuserait d’entendre ce que l’inconscient collectif des élèves leur dicte comme comportement inacceptable face à une défaillance de sa part qui les effraient, à leur propre insu. Alors qu’ils sont fermement convaincus d’agir de façon volontaire, consciente et concertée, l’attitude qu’ils adoptent face à l’enseignant en question résulte de l’insécurité qu’ils éprouvent en deçà de tous les griefs qu’ils reprochent à leur professeur. Et si l’enseignant persiste dans son incapacité à voir ce que ses élèves veulent lui faire comprendre d’une façon proche des symboles d’un scénario onirique à interpréter, alors la situation se gangrénera de même que le corps méprisé finira par déclencher le syndrome d’une pathologie souvent mortelle.

Mon organisme, parce que je n’ai pas pu ou pas eu l’audace d’affirmer le projet que ma vie attendait de voir se réaliser, a longtemps manifesté son impatience depuis l’enfance sous la forme d’une colopathie fonctionnelle, à laquelle se sont ajoutées, à l’adolescence, des perturbations psychophysiques qu’on a l’habitude d’étiqueter sous le terme médical pratique de spasmophilie. Puis leur insuffisance à me faire changer de voie et mis au pied du mur d’une profession dans laquelle je m’engageais sans l’avoir vraiment décidé, ma recto-colite hémorragique s’est déclarée, dans la terreur et la douleur de ses symptômes insupportables sans une prise en charge immédiate par un gastro-entérologue sous peine d’une mort rapide et comparable à la torture d’un enfantement qui n’a pas lieu.

C’est la nuit. Aujourd’hui je n’ai avalé qu’un seul substitut de repas et un fruit. Je n’ai pas faim. Mes préoccupations se sont substituées à la faim envahissant le champ de ma conscience et réclamant la mise en mots.

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E
et bien que sire après le début car effectivement je compte tout lire! Je n ai pas envie de trop en dire de peur que tu l ai déjà entendu.... ce ne serait certainement rien de bien neuf ni de très original. Mais je suis sur d une chose: ouvre les yeux le plus grand possible apprends à regarder autour de toi et tu verras commme elle peut etre belle la vie tendrement
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Z
dis donc, t'as pas de chance, entre Jeannette et Grenouille tes soutiens sont plutôt incultes et fâchés avec l'écriture : c'est sur que s'ils ne comprennent pas tout ce qu'ils lisent, ils sont vite éblouis !
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G
mon cher antonio je serai tjr la pour te soutenir je ne veux pas que tu baisse les bras face au ataque de personne ridiculeassume ta vie vie la pleinement elle a bcp a t aporter.<br /> tendrement grenouille
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J
Zephir<br /> Je ne comprend pas votre acharnement a intervenir regulierement sur ce blog uniquement pour mettre des messages de critique infondée sur ses textes ou ne serais ce pas que vous le trouvez appréciable et plein de talent.On dis "qui aime bien chatie bien" Jeannette
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Z
encore à exercer du chantage auprès de ta famille? tout comme tes très nombreuses TS ont été aussi des formes de chantage ! t'arrives pas à vivre simplement? trop compliqué? t'as trop besoin d'excercer du chantage affectif ?
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